Indications
Topotécane en monothérapie est indiqué dans le traitement :
• des patientes atteintes d'un carcinome métastatique de l'ovaire à la suite de l'échec d'un traitement de première ligne ou d'autres traitements,
• des patients atteints d'un cancer bronchique à petites cellules (CBPC) en rechute pour lesquels la réintroduction de la première ligne de traitement n'est pas adéquate (voir rubrique Propriétés pharmacodynamiques).
Le Topotécane en association avec le cisplatine est indiqué chez les patientes atteintes d'un carcinome du col de l'utérus récidivant après radiothérapie, et chez les patientes atteintes de la maladie au stade IVb.
Chez les patientes ayant été préalablement exposées au cisplatine, une période exempte de traitement prolongée doit être observée afin de justifier un traitement par l'association (voir rubrique Propriétés pharmacodynamiques).
Fonctionnement
Classe pharmacothérapeutique : autre agent antinéoplasique, code ATC : L01XX17.
L'activité anti-tumorale du Topotécane se caractérise par l'inhibition de la topoisomérase I, enzyme qui joue un rôle essentiel dans la réplication de l'ADN, en supprimant la contrainte de torsion introduite en aval de la fourche de réplication.
Topotécane inhibe la topoisomérase I en stabilisant le complexe covalent enzyme/ADN (ayant une cassure monobrin), étape intermédiaire du mécanisme catalytique.
L'inhibition de la topoisomérase I par Topotécane se traduit au niveau cellulaire par l'induction de lésions d'ADN simple-brin associées à des protéines.
Cancer de l'ovaire en rechute
Lors d'une étude comparative de Topotécane et paclitaxel chez des patientes ayant subi un traitement préalable pour le carcinome de l'ovaire par chimiothérapie à base de platine (n = 112 et 114, respectivement), le taux de réponse (IC à 95 %) était de 20,5 % (13 %, 28 %) par rapport à 14 % (8 %, 20 %) et le délai médian de progression de 19 semaines par rapport à 15 semaines (hazard ratio 0,7 [0,6 ; 1,0]), pour Topotécane et paclitaxel, respectivement.
La survie globale médiane était de 62 semaines pour Topotécane par rapport à 53 semaines pour paclitaxel (hazard ratio de 0,9 [0,6; 1,3]).
Le taux de réponse dans l'ensemble du programme du carcinome de l'ovaire (n = 392, patientes toutes préalablement traitées par cisplatine ou cisplatine et paclitaxel) était de 16 %.
Le délai médian de réponse dans les essais cliniques était de 7,6 à 11,6 semaines.
Chez les patientes réfractaires ou en rechute, après trois mois de traitement par le cisplatine (n = 186), le taux de réponse était de 10 %.
Ces données devront être évaluées dans le contexte du profil de sécurité global du médicament, en particulier la toxicité hématologique, qui est importante (voir rubrique Effets indésirables).
Une analyse rétroactive supplémentaire a été réalisée sur les données issues de 523 patientes atteintes d'un cancer de l'ovaire en rechute.
Globalement, 87 réponses complètes et partielles ont été observées, dont 13 sont survenues pendant les cycles 5 et 6, et trois plus tard.
Chez les patientes ayant reçu plus de six cycles de traitement, 91 % ont terminé l'étude comme prévu ou ont été traitées jusqu'à progression de la maladie, et seulement 3 % ont quitté l'étude en raison d'effets indésirables.
Cancer bronchique à petites cellules en rechute(CBPC)
Un essai clinique de phase III a évalué l'utilisation de soins de supports optimisés (Best Supportive Care, BSC) seuls (n=70) ou associés au Topotécane oral (n=71) chez des patients en rechute après un traitement de première ligne (délai médian de progression [TTP] après traitement de première ligne: 84 jours pour Topotécane oral + BSC ; 90 jours pour BSC seul) lorsque la réintroduction de la première ligne de chimiothérapie intraveineuse n'était pas considérée adéquate.
Le groupe Topotécane oral + BSC présentait une amélioration significative de la survie globale comparé au groupe BSC seul (p de Log-rank =0,0104).
Le hazard ratio non ajusté du groupe Topotécane oral + BSC comparé au groupe BSC seul était de 0,64 (IC à 95 % : 0,45 à 0,90).
Le délai de survie médian chez les patients traités avec Topotécane+ BSC était de 25,9 semaines (IC à 95 % : 18,3 à 31,6) alors que chez les patients recevant BSC seul, le délai de survie médian était de 13,9 semaines (IC 95 %: 11,1 à 18,6) (p = 0,0104).
L'auto évaluation des symptômes des patients utilisant une évaluation ouverte montre une tendance à l'amélioration des symptômes avec le Topotécane oral + BSC.
Une étude de phase M (Etude 065) et une étude de phase III (Etude 396) ont été menées pour évaluer l'efficacité du Topotécane oral par rapport au Topotécane intraveineux chez des patients ayant rechuté plus de 90 jours après la fin d'un premier traitement par chimiothérapie (voir tableau 1).
Le Topotécane oral et intraveineux a montré une activité palliative, sur les symptômes, similaire chez les patients ayant un CBPC en rechute sensible et auto-évaluant leurs symptômes sur une échelle ouverte dans chacune de ces deux études.
Tableau 1.
Résumé de la survie, du taux de réponse et du délai de progression chez des patients atteints d'un CBPC et traités par Topotécane oral ou intraveineux
Etude 065
Etude 396
Topotécane oral
Topotécane intraveineux
Topotécane oral
Topotécane intraveineux
(N = 52)
(N = 54)
(N = 153)
(N = 151)
Médiane de survie (semaines)
(IC à 95 %)
32,3
(26,3 ; 40,9)
25,1
(21,1 ; 33,0)
33,0
(29,1 ; 42,4)
35,0
(31,0 ; 37,1)
Rapport de risque (HR) (IC à 95 %)
0,88
(0,59 ; 1,31)
0,88
(0,7; 1,11)
Taux de réponse (%)
(IC à 95 %)
23,1
(11,6 ; 34,5)
14,8
(5,3 ; 24,3)
18,3
(12,2; 24,4)
21,9
(15,3; 28,5)
Différence entre les taux de réponse (IC à 95 %)
8,3
(-6,6; 23,1)
-3,6 (-12,6; 5,5)
Délai médian de progression (semaines)
(IC à 95 %)
14,9
(8,3 ; 21,3)
13,1
(11,6 ; 18,3)
11,9
(9,7 ; 14,1)
14,6
(13,3 ; 18,9)
Rapport de risque (HR) (IC à 95 %)
0,90
(0,60 ; 1,35)
1,21
(0,96 ; 1,53)
N = nombre total de patients traités
IC = intervalle de Confiance.
Dans un autre essai clinique de phase III randomisé comparant le Topotécane intraveineux au cyclophosphamide, à l'adriamycine (doxorubicine) et à la vincristine (protocole CAV) chez les patients atteints d'un CBPC en rechute et sensible, le taux de réponse globale était de 24,3 % dans le groupe Topotécane comparé à 18,3 % dans le groupe CAV.
Le délai médian de progression était similaire dans les 2 groupes (13,3 semaines et 12,3 semaines respectivement).
La médiane de survie pour les 2 groupes était de 25 et 24,7 semaines respectivement.
Le rapport de risque en terme de survie entre le Topotécane IV et le protocole CAV était de 1,04 (IC à 95 % : 0,78 - 1,40).
Le taux de réponse au Topotécane dans l'ensemble des études sur le CBPC (n=480) pour les patients en rechute et sensibles à une première ligne de traitement était de 20,2 %.
La médiane de survie était de 30,3 semaines (IC à 95 % : 27,6 - 33,4).
Dans une population de patients atteints de CBPC réfractaire (ne répondant pas à la première ligne de traitement), le taux de réponse au Topotécane était de 4,0 %.
Carcinome du col de l'utérus
Dans un essai clinique randomisé comparatif de phase III réalisé par le « groupe de cancérologie gynécologique » (Gynaecological Oncology Group, GOG 0179), l'association Topotécane + cisplatine (n=147) a été comparée au cisplatine en monothérapie (n=146) chez les patientes atteintes d'un carcinome du col de l'utérus confirmé histologiquement, persistant, réfractaire, ou de stade IV-b, qui ne relève pas d'un traitement curatif par chirurgie et/ou radiothérapie.
L'association Topotécane + cisplatine a montré un bénéfice statistiquement significatif sur ia survie globale par rapport au cisplatine en monothérapie après ajustement pour analyses intermédiaires (p de Log-rank = 0,033).
Résultats de l'étude GOG-0179
Population en intention de traiter (ITT)
Cisplatine
50 mg/m2 j.
1 q21 j.
Cisplatine
50mg/m2 j.
1 + Topotécane 0,75mg/m2 x3j q21
Survie (mois)
(n= 146)
(n = 147)
Médiane (IC à 95 %*)
6,5(5,8 ; 8,8)
9,4 (7,9 ; 11,9)
Rapport de risque (HR) (IC à 95 %)
0,76 (0,59-0,98)
Valeur p de Log rank
0,033
Patients sans chimioradiothérapie par cisplatine préalable
Cisplatine
Topotécane/Cisplatine
Survie (mois)
(n= 46)
(n = 44)
Médiane (IC à 95 %)
8,8 (6,4 ; 11,5)
15,7 (11,9 ; 17,7)
Rapport de risque (HR) (IC à 95 %)
0,51 (0,31 ; 0,82)
Patients avec chimioradiothérapie par cisplatine préalable
Cisplatine
Topotécane/Cisplatine
Survie (mois)
(n= 72)
(n = 69)
Médiane (IC à 95 %)
5,9(4,7 ; 8,8)
7,9(5,5 ; 10,9)
Rapport de risque (HR) (IC à 95 %)
0,85 (0,59 ; 1,21)
Chez les patientes (n=39) présentant des rechutes dans les 180 jours suivant la chimioradiothérapie par le cisplatine, la survie médiane pour le bras Topotécane + cisplatine était de 4,6 mois (IC à 95 % : 2,6 à 6,1) contre 4,5 mois (IC à 95 % : 2,9 à 9,6) pour le bras cisplatine, avec un rapport de risque (HR) de 1,15 (0,59 à 2,23).
Chez les patientes (n=102) présentant des rechutes après 180 jours, la survie médiane pour le bras Topotécane + cisplatine était de 9,9 mois (IC à 95 % : 7 à 12,6) par rapport à 6,3 mois (IC à 95 % : 4,9 à 9,5) pour le bras cisplatine, avec un rapport de risque (HR) de 0,75 (0,49 à 1,16).
Population pédiatrique
Topotécane a été également évalué dans la population pédiatrique ; cependant, les données disponibles sur l'efficacité et la tolérance sont limitées.
Dans un essai ouvert incluant des enfants (n = 108, tranche d'âge: nourrissons à 16 ans) atteints de tumeurs solides en rechute ou en progression, le Topotécane a été administré à la dose initiale de 2,0 mg/ m2 en perfusion de 30 minutes pendant 5 jours, répétée toutes les 3 semaines pendant un an au maximum selon la réponse observée.
Les tumeurs étudiées étaient de type : sarcome d'Ewing/tumeur primitive neuroectodermale, neuroblastome, ostéoblastome, et rhabdomyosarcome.
L'activité antitumorale a été démontrée principalement chez les patients atteints de neuroblastome.
Les toxicités de Topotécane dans cette population pédiatrique atteinte de tumeurs solides en rechute ou réfractaires étaient semblables à celles observées préalablement chez les patients adultes.
Dans cette étude, quarante-six patients (43 %) ont reçu du G-CSF sur 192 cures (42,1 %); soixante-cinq (60%) ont reçu des transfusions de concentré globulaire et cinquante (46%) des plaquettes sur 139 et 159 cures (30,5% et 34,9%) respectivement.
En raison de la toxicité dose limitante d'une myélosuppression, la Dose Maximale Tolérée (DMT) a été établie à 2,0 mg/m2/jour avec le G-CSF et 1,4 mg/m2/jour sans G-CSF dans une étude de pharmacocinétique dans une population pédiatrique atteinte de tumeurs solides réfractaires (voir rubrique Propriétés pharmacocinétiques).