Indications
L'ulipristal acétate est indiqué dans le traitement pré-opératoire des symptômes modérés à sévères des fibromes utérins chez la femme adulte en âge de procréer.
La durée du traitement est limitée à 3 mois (voir rubrique Mises en garde et précautions d'emploi).
a
Fonctionnement
Classe pharmacothérapeutique : non encore attribuée.
Code ATC : non encore attribué.
L'ulipristal acétate est un modulateur synthétique sélectif des récepteurs de la progestérone actif par voie orale, caractérisé par un effet antagoniste partiel de la progestérone sur des tissus spécifiques.
Endomètre
L'ulipristal acétate exerce un effet direct sur l'endomètre.
Lorsque l'administration quotidienne d'une dose de 5 mg débute au cours d'un cycle menstruel, la plupart des sujets (y compris les patientes souffrant d'un myome) mèneront à terme leur première menstruation mais n'auront plus de règles jusqu'à l'arrêt du traitement.
Quand le traitement par ulipristal acétate est arrêté, les cycles menstruels ré-apparaissent généralement dans les 4 semaines.
L'action directe sur l'endomètre se traduit par des changements histologiques, spécifiques à la classe pharmacothérapeutique, appelés PAEC.
Typiquement, l'aspect histologique est celui d'un épithélium inactif et faiblement prolifératif, associé à une asymétrie stromale et à une croissance épithéliale résultant en des glandes kystiques dilatées et proéminentes, avec des effets combinés estrogéniques (mitotiques) et progestatifs (sécrétoires) sur l'épithélium.
Ce type histologique a été observé chez environ 60 % des patientes traitées par ulipristal acétate pendant 3 mois.
Ces changements sont réversibles après l'arrêt du traitement.
Ces changements ne doivent pas être confondus avec une hyperplasie endométriale.
Environ 5 % des patientes en âge de procréer et présentant des saignements menstruels abondants ont une épaisseur d'endomètre supérieure à 16 mm.
Chez environ 10 à 15 % des patientes traitées par ulipristal acétate, l'endomètre peut s'épaissir (> 16 mm) pendant le traitement.
Cet épaississement disparaît après l'arrêt du traitement et le retour des règles.
Si l'épaississement de l'endomètre persiste dans les 3 mois consécutifs à la fin du traitement et le retour des menstruations, une investigation selon les pratiques cliniques habituelles peut être nécessaire afin d'exclure des pathologies sous-jacentes.
Fibromes
L'ulipristal acétate exerce une action directe sur les fibromes, en réduisant leur taille par le biais de l'inhibition de la prolifération cellulaire et l'induction de l'apoptose.
Hypophyse
Une dose quotidienne de 5 mg d'ulipristal acétate empêche l'ovulation chez la plupart des patientes, comme indiqué par le taux de progestérone maintenu à environ 0,3 ng/ml.
Une dose quotidienne de 5 mg d'ulipristal acétate supprime partiellement les taux de FSH mais les taux sériques d'estradiol sont maintenus dans les limites du milieu de la phase folliculaire chez la plupart des patientes et sont comparables aux taux relevés chez les patientes sous placebo.
L'ulipristal acétate n'affecte pas les taux sériques de TSH, d'ACTH ou de prolactine pendant 3 mois de traitement.
Efficacité et sécurité clinique
L'efficacité de doses fixes de 5 mg et 10 mg d'ulipristal acétate, une fois par jour, a été évaluée dans deux études de phase III, de 13 semaines, randomisées, en double aveugle, incluant des patientes avec des saignements menstruels très abondants associés à des fibromes utérins.
L'étude 1 était en double aveugle et contrôlée versus placebo.
Les patientes de cette étude devaient être anémiques lors de leur admission dans l'étude (Hb < 10,2 g/dl) et toutes les patientes étaient appelées à recevoir 80 mg de fer (Fe2+) par voie orale, en plus du produit testé.
L'étude 2 était versus un comparateur actif, la leuproréline 3,75 mg, administré une fois par mois par injection intramusculaire.
Dans l'étude 2, une méthode avec double placebo a été utilisée pour évaluer de manière aveugle les deux traitements.
Dans les deux études, la perte de sang menstruel a été évaluée à l'aide de l'échelle d'évaluation des saignements PBAC (Pictorial Bleeding Assessment Chart).
On estime qu'un score PBAC >100 dans les 8 premiers jours des règles représente une perte excessive de sang menstruel.
Dans l'étude 1, une différence statistiquement significative a été observée en faveur de l'ulipristal acétate en ce qui concerne la diminution de la perte de sang menstruel chez les patientes traitées par rapport à celles sous placebo (voir Tableau 1 ci-dessous), ce qui s'est traduit par une correction plus rapide et plus efficace de l'anémie qu'avec le fer seul.
De même, les patientes traitées par ulipristal acétate présentaient une diminution plus importante de la taille du myome, évaluée par IRM.
Dans l'étude 2, la diminution de la perte de sang menstruel était comparable chez les patientes traitées par ulipristal acétate et par agoniste de la GnRH (leuproréline).
La plupart des patientes traitées par ulipristal acétate ont arrêté de saigner au cours de la première semaine du traitement (aménorrhée).
La taille des trois plus grands myomes a été évaluée par ultrasons à la fin du traitement (semaine 13) et pendant encore 25 semaines sans traitement pour les patientes n'ayant pas subi d'hystérectomie ou de myomectomie.
La diminution de la taille du myome s'est généralement maintenue pendant cette période de suivi chez les patientes préalablement traitées par ulipristal acétate alors qu'une reprise de la croissance a été observée chez les patientes traitées par leuproréline.
Tableau 1 : Résultats obtenus sur les critères primaires et sur une partie des critères secondaires d'efficacité dans les études de Phase III
Etude 1
Etude 2
Paramètre
Placebo N = 48
Ulipristal acétate
5 mg/jour
N = 95
Ulipristal acétate
10 mg/jour
N = 94
Leuproréline 3,75 mg/mois
N = 93
Ulipristal acétate
5 mg/jour
N = 93
Ulipristal acétate
10 mg/jour
N = 95
Saignements menstruels
Score PBAC
médian avant traitement
376
386
330
297
286
271
Changement médian à la semaine 13
-59
-329
-326
-274
-268
-268
Patientes en aménorrhée à la
semaine 13
3 (6,3 %)
69
(73,4 %)1
76
(81,7 %)2
74 (80,4 %)
70 (75,3 %)
85 (89,5 %)
Patientes dont les saignements menstruels se sont normalisés
(score PBAC < 75)
en semaine 13
9
(18,8 %)
86
(91,5 %)1
86
(92,5 %)1
82 (89,1 %)
84 (90,3 %)
93 (97,9 %)
Changement médian du volume du myome à la
semaine 13a (par rapport à la valeur de base)
+3,0 %
-21,2 %3
-12,3 %4
-53,5 %
-35,6 %
-42,1 %
a Dans l'étude 1, le changement du volume total du myome, par rapport à la valeur de base, a été mesuré par IRM.
Dans l'étude 2, le changement du volume des trois plus grands myomes a été mesuré par ultrasons.
Les valeurs « en gras » dans les cases ombragées indiquent qu'il y a une différence significative dans les comparaisons entre l'acétate d'ulipristal et le contrôle.
Celles-ci étaient toujours en faveur de l'ulipristal acétate.
Valeurs p : 1 = <0,001, 2 = 0,037, 3= <0,002, 4 = <0,006.
L'Agence européenne des médicaments a accordé une dérogation à l'obligation de soumettre les résultats d'études réalisées avec Esmya dans tous les sous-groupes de la population pédiatrique dans le traitement symptomatique du léiomyome utérin (voir rubrique Posologie et mode d'administration pour les informations concernant l'usage pédiatrique).